L’Assemblée Générale de l’Onu a adopté mardi à une écrasante majorité une résolution demandant à Israël de démanteler sa barrière de sécurité en Cisjordanie, en conformité avec l’arrêt rendu ce mois-ci par la Cour Internationale de Justice.
Ce texte d’inspiration palestinienne et amendé par l’Union européenne a été voté par 150 voix contre six (bien lire six), et dix abstentions. L’Assemblée Générale de l’Onu réunit 191 pays.
La totalité des 25 pays de l’Union européenne ont voté en faveur du texte après l’acceptation par ses parrains arabes d’une série d’amendements proposés par l’UE au cours de négociations qui ont duré plusieurs jours.
Mais les Etats-Unis, proches alliés d’Israël, ont voté contre le texte. Le vice-ambassadeur des Etats-Unis à l’Onu, James Cunningham, l’avait jugé en effet déséquilibré et estimé qu’il pourrait mettre en péril la vision d’un Proche-Orient où coexisteraient un Etat palestinien et l’Etat d’Israël.
"Toutes les parties sont maintenant tournées vers l’idée d’un retrait de la Bande de Gaza et d’un retrait partiel de la Cisjordanie qui permettrait de relancer les progrès en direction de cette vision", a-t-il déclaré à l’Assemblée Générale.
Logiquement, Israël a lui aussi voté contre le texte, de même que l’Australie, les îles Marshall, la Micronésie et les îles Palau.
UN "DEVELOPPEMENT HISTORIQUE" POUR LES PALESTINIENS
Se sont abstenus le Canada, le Cameroun, le Salvador, les îles Nauru, la Papouasie-Nouvelle Guinée, les îles Salomon, les Tonga, l’Ouganda, l’Uruguay et le Vanuatu.
"Dieu merci le sort d’Israël et du peuple juif ne se décide pas entre ces quatre murs", a déclaré l’ambassadeur d’Israël à l’Onu, Dan Gillerman, après le vote. "Cette résolution ne peut qu’encourager les véritables ennemis des peuples israélien et palestinien."
"Il est tout simplement incroyable que l’on réagisse avec tant de vigueur à une mesure qui sauve des vies et que l’on réagisse avec tant d’indifférence et d’apathie à une campagne palestinienne qui coûte des vies", a-t-il poursuivi.
De son côté, Nasser al-Kidoua, observateur palestinien à l’Onu, a qualifié ce vote de "développement historique".
"Il pourrait bien s’agir de la résolution de l’Assemblée générale la plus importante depuis l’adoption de la résolution 181 de 1947", a-t-il déclaré, faisant référence à un texte qui préconisait la partition de la Palestine sous mandat britannique en deux Etats indépendants, l’un juif et l’autre arabe.
La Cour internationale de justice avait estimé le 9 juillet dans un avis consultatif que la barrière de sécurité israélienne actuellement en cours de construction en Cisjordanie était illégale parce qu’elle empiétait sur des territoires palestiniens, afin d’englober côté israélien des colonies édifiées sur des territoires occupés lors de la guerre israélo-arabe de 1967.
Israël affirme que cette barrière - qui prend alternativement la forme d’une clôture électrifiée et d’un mur - est provisoire, et nécessaire à la prévention des attentats suicide.
Les Palestiniens voient dans cet édifice devant recouvrir, à terme, une bande de terre de 600 km de long, une confiscation masquée de terres qui ampute d’autant le territoire de leur futur Etat.